Le baromètre de Moaï, l’institut d’études du groupe The Links, est sorti il y a quelques jours. Depuis cinq ans, l’institut observe les tendances de consommation des Français. Cette année, se dessine la tension entre la nécessité de faire attention au budget et l’envie de se faire plaisir. Pour les marques, le baromètre relève la nécessité de prendre la parole dans un contexte économique tendu.
Tous les ans, Moaï, l’institut d’études du groupe The Links, publie son baromètre pour suivre les tendances de consommation des Français. L’enquête est menée auprès de mille Français de 18 ans et plus, par échantillon représentatif, avec quotas de genre, âge, catégorie socio professionnelle, région et taille d’agglomération d’habitation.
Pour cette édition, la tendance qui a le plus marquée Thomas Bosque, planner stratégique chez The Links est « cette tension entre plaisir et contrainte. C’est-à-dire composer avec un budget serré,-90 % des Français font attention à leur budget-, et d’un autre côté, 37 % des consommateurs qui sont capables de craquer sur un produit sans regarder le prix. »
Il poursuit son décryptage : « Il y a derrière ces chiffres quelque chose d’intéressant. On pourrait avoir un regard critique, voir du jugement sur le fait que 45 % des Français ne se nourrissent pas à leur convenance mais que près d’un tiers s’autorisent encore la possibilité de craquer. Moi je pense qu’il y a quelque chose d’assez sain dans l’idée de réussir à trouver un équilibre à la fois financier, mais aussi émotionnel. C’est-à-dire dans un contexte où on doit faire plus attention, regarder les prix, mais se rassurer aussi, se prouver qu’on est toujours dans le jeu de la consommation en s’autorisant à craquer. »
La nécessité de prendre la parole sur les prix
Le baromètre révèle aussi que 77 % des Français estiment que leur pouvoir d’achat a diminué sur les douze derniers mois et où 82 % cherchent toujours les promotions ou les bons plans, les marques doivent s’adapter. « Une partie évidente va être de faire leur possible du point de vue stratégie des prix pour pouvoir correspondre et défendre le pouvoir d’achat des Français », analyse Thomas Bosque.
Pour autant, le planner stratégique met aussi en lumière qu’à ce niveau, toutes les marques ne sont pas logées à la même enseigne, et n’ont pas nécessairement toutes la même puissance de frappe. Par exemple, « Décathlon a pu avoir la capacité de dire que sur 1 000 produits, il descendait les prix de 20 % et ce, de manière immédiate et définitive, parce que je souhaite casser l’inflation. Mais toutes les marques n’ont pas la possibilité de faire ça. »
De là, il conclut : « D’où la nécessité de prendre la parole sur les prix. A l’image de ce que font les grandes surfaces, d’ailleurs. Il faut se défendre de ne pas être des profiteurs de crises. On est attendu là-dessus. »
Dépasser la question économique
Thomas Bosque va même plus loin, pour lui, il serait même nécessaire de d’être en capacité de dépasser la question du prix. « Il faut dépasser le côté binaire contraintes financières versus plaisir. Pour moi, il faut réussir à rassembler ses deux côtés en offrant un moment d’évasion, de légèreté, dans un quotidien qui n’est pas évident. Et ce, à travers des expériences clients ou des prises de paroles. Je le vois presque comme une forme d’engagement qui serait quasiment comme un service rendu par les marques. »
–>L’intégralité du baromètre est disponible ici.
Marie Roy