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Pure-players : salaires de la peur ?

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phareouestAccueillis comme les rénovateurs du journalisme, les pure-players d’information locale sont aujourd’hui rattrapés par la réalité économique. Dans l’Ouest, les survivants cherchent encore un modèle.

« On a la matière, on a la bonne équipe, on a les visiteurs ». Sarah Duval est fière du chemin parcouru par Lephare-ouest.fr, lancé en juin 2013 avec un autre jeune journaliste, Anthony Fouchard. Ce qui leur manque ? L’argent. Les deux porteurs de projet, comme la quinzaine de collaborateurs de ce site d’information breton, sont bénévoles. La formule d’abonnement testée au lancement n’a pas convaincu. Les revenus publicitaires ne suffisent pas « nous cherchons désormais des investisseurs privés », poursuit Sarah Duval. L’histoire ressemble à celle de Nantes-Actu.fr, site d’informations locales qui avait trouvé son lectorat mais dont les recettes publicitaires insuffisantes ont provoqué le naufrage en juillet 2012. Même constat en Bretagne où Rennes1720.fr a fermé en février 2013 sur un bon bilan éditorial « le statut de bénévole ainsi que la charge croissante de travail annexe ont eu raison de l’aventure. Il est très difficile de produire des papiers au rythme d’une rédaction salariée », admet l’ex-rédacteur en chef, Julien Joly.

Subventions, souscriptions, formations ?

Lancés par des jeunes journalistes, ces pure-players souvent gratuits sont parfois présentés comme les laboratoires des médias de demain, mais ils manquent cruellement de modèle économique. Ce n’était pourtant pas le cas de Citizen Nantes, un « média citoyen » lancé par Yves Monteil en 2007. Géré par une association, le site bénéficie de subventions de la mairie, de la métropole et de la région. « Mais on arrive au bout d’un cycle », souffle Yves Monteil. Le journaliste a choisi d’arrêter l’aventure. « Avec les subventions, tu te fais emmerder de toute part. Par l’institution qui surveille ce que tu écris, par les lecteurs qui te traitent de suppôt du pouvoir ». Pour se passer des deniers publics, le Nantais a testé l’appel à souscription de ses lecteurs et envisagé l’abonnement payant « mais ça n’a pas fonctionné. Citizen Nantes est sans doute trop citoyen, il faudrait monter en gamme ». Pour exercer son métier, Yves Monteil rêve désormais d’un nouveau magazine papier. « C’est le papier qui nous fait vivre », confirme Yannick Sourisseau, le directeur de publication d’Angersmag.info. Ce pure-player est soutenu par un mensuel. « Un média sur le web ne peut pas s’autofinancer avec la pub », pose cet ancien ingénieur informaticien qui a lancé son site en 2009. Yannick Sourisseau a réussi à salarier trois personnes grâce aux recettes publicitaires des magazines ainsi qu’aux animations de débats. Pour se développer, il compte sur les formations aux entreprises, les abonnements de soutien, les vidéos payantes et la mobilité. Une application spéciale tablette verra le jour en juin. Comme une preuve qu’il regarde dans la bonne direction, Yannick Sourisseau cite L’édition du soir, le journal sur tablette lancé par le mastodonte Ouest-France.

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